Final Breaker

Final Breaker (Browser)
Summerhouse (?)

 

Parfois, sur le net, on trouve des choses bizarres.

Souvent, par ce qui n’est, je suppose, qu’un malheureux concours de circonstances, ces choses viennent du Japon.

Final Breaker en est l’exemple parfait, trouvaille de Tim W que j’ai moi-même découvert sur TigSource.

 

Rassurez-vous, il ne s’agit pas de porno, mais de l’ « autre » truc. La seconde mamelle du NSFW : la violence gratuite, malsaine et exhibitionniste. Si ce genre de contenu vous affecte, je vous déconseille Final Breaker, si comme moi, vous êtes devenus complètement insensible après une dizaine d’années d’Internet intensif, et toujours amusé par ces petites curiosités de mauvais goût pourvu qu’elles n’impliquent pas de vrais êtres humains, alors, laissez-vous tenter.

 

 

 

Je passerais sur le scénario, puisque le jeu étant en japonais, je n’y ai strictement rien compris, mais en gros : vous incarnez un dangereux sociopathe armé d’un couteau dans ce qui ressemble à une banale entreprise, et en trucidez un à un (ou dix par dix) tous les employés à l’aide des touches WASD, G H et J (Maj+Alt pour basculer en qwerty). La particularité du jeu, c’est qu’il est particulièrement injuste avec ses PNJ : Ceux là ne se défendent pas, meurent en un seul coup de couteau, et courent beaucoup moins vite que vous. En sommes : Ils n’ont pas la moindre chance. Tout ce qu’ils peuvent espérer, c’est votre clémence, ou alors que vous soyez tellement lassés de trancher des jugulaires que vous irez directement vers la fin du jeu sans perdre de temps avec eux.

 

Si je présente Final Breaker ici, c’est qu’il me fait réfléchir sur le thème de la violence gratuite, terme utilisé à tout va pour qualifier simplement de la simple violence. Je me fais parfois moi-même prendre au piège (n’ai-je pas utilisé ce terme plus haut ?), pourtant, au fond de moi, je suis persuadé que la violence gratuite n’existe pas (dans le jeu-vidéo et les arts an général du moins, après, c’est un autre débat).

 

La violence gratuite en effet pourrait se définir ainsi : Violence sans but, qui n’apporte rien, dont on aurait pu se passer. Or dans un jeu vidéo notamment, la violence n’est jamais inutile : Elle véhicule du fun, de l’émotion, du dégoût…mais elle véhicule toujours quelque chose. Elle a toujours un but. Prenons par exemple deux jeux présentés ici qui pourraient être affublés de « violence gratuite » : Super Colombine Massacre RPG et Vigilance.

 

Super Colombine Massacre RPG présente en effet deux adolescent qui vont massacrer élèves et enseignant dans un lycée, le but de cette tuerie n’est évidemment pas défini, mais le jeu ne fait que retracer des faits réels puisqu’il s’agit de la fusillade du lycée de Colombine en 1999. Il s’agit de réinterpréter un événement, de le décrire sous un autre jour. En cela, la violence de SCMRPG n’est pas plus gratuite que celle du film Elephant de Gus Van Sant.

 

Vigilance met en scène une héroïne qui, la nuit, va bastonner des étudiants sans défense. Son gameplay est finalement assez proche de celui de Final Breaker. Mais cette violence est au service d’une histoire : le but est de sensibiliser les étudiants sur la violence de la rue pour leur vendre des appareils d’auto-défense. De l’immoralité ? Oui. De l’humour noir ? Carrément. De la violence gratuite ? Absolument pas.

 

Final Breaker est un cas particulier, précisément parce qu’il est en japonais. Ne comprenant pas la préface est les maigres dialogues du jeu, je suis totalement incapable de saisir le sens de cette violence. Quel est le but de l’auteur : Me faire rire ? Me dégouter ? Relater un fait divers, ou un archétype de fait divers ? Ce but ne m’atteignant pas, je peux ressentir cette violence comme gratuite. Mais intrinsèquement, elle ne l’est pas, quand bien même elle n’aurait pas le moindre objectif, la donner en pâture au joueur sans explication constituerait un objectif en soi.

 

Je suis donc contraint de revenir sur ma position : La violence gratuite existe, mais seulement dans le ressenti du récepteur : c’est une violence qui, simplement, n’a pas été comprise.

Si j’avais compris Final Breaker, je ne me serais sans doute pas donner la peine de le présenter ici.

 

 

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2 Comments

  1. Fringale

    Mince, avec un titre pareil je m’attendais à un jeu de baston 1vs1 avec un [i]engrish[/i] des plus délicieux. Sans doute des réminiscences de Breaker’s Revenge sur NeoGeo. Loupé, c’est un beat’em up déglingué que tu as placé en embuscade, dont le seul enjeu est d’écorcher vif le plus possible de 人 avec les trois coups disponibles – si possible dans une pluie de sang permanente. Si le jeu ne vole pas très haut, des éléments de compréhension sur son contexte ont été donnés sur [url=http://www.tigsource.com/2011/07/05/final-breaker/#comment-243807735]TIGSource[/url] : il [i]semblerait[/i] que la société que visite le joueur / tueur soit une compagnie électrique allant être la cause d’une future catastrophe nucléaire… L’ultra-violence des images comme exutoire de l’horreur du réel ? Je fais un raccourci, mais le procédé ne me paraît pas si éloigné d’une récente [url=http://www.youtube.com/watch?v=XbAtMsz0dro]vidéo chinoise de contestation[/url] (NSFW, très Happy Tree Friends).

  2. L’explication que tu donnes apporte en effet pas mal de sens. Si la société en question est bien liée d’une manière ou d’une autre à la catastrophe de Fukushima, on pourrait bel et bien y voir un exutoire des plus sommaires.

    Mais de manière générale, je pense que n’importe qui en veut à une entreprise jusqu’à en souhaiter la mort virtuelle de tous ses employés. Le fait que le jeu soit en japonais me permet quant à moi d’imaginer tout ce que je veux : Les bureaux de la FNAC, les quartiers d’SNCF Provence Alpes Côtes d’Azur…etc

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