The Flocking Dead

The Flocking Dead (Windows)
Florent d’Halluin

 

La mode du Zombie n’est pas morte, enfin, si, mais elle marche encore.

Et l’adaptation de la série Walking Dead à la télévision va la rendre plus féroce que jamais.

 

C’est justement de ce titre que se revendique The Flocking Dead, jeu de l’Experimental Gameplay Project de Novembre, et énième jeu de zombie.

Beaucoup a déjà été fait dans le genre, et il est aussi difficile de s’y faire remarquer que dans les jeux de ferme sur Facebook.

 

Pourtant il y a un créneau : La plupart des jeux de zombies consistent à éliminer des zombies que ce soit avec un lance-flamme ( I MAED A GAM3 W1TH Z0MBIES 1N IT!!!1 ) ou avec des tournesols (Plants VS Zombies). Mais ce concept ne sied pas aux zombies, éliminez-en un, il en revient trois, comme les cheveux blancs ou les comédons.

Tous ces jeux passent à côté du vrai enjeu : La Survie. Peu importe que les morves-vivants meurent ou non, ce qui compte, c’est de vivre.

 

 

Il y a bien l’excellent Hordes, jeu purement collaboratif et simulation de village assiégé. Mais sa force est aussi sa faiblesse : Il faut jouer avec les autres, et il est de notoriété public que les autres sont tous des cons.

 

L’humain est faillible, The Flocking Dead y remédie.

Celui-ci est une simulation pure de territoire zombifié. Plus de village, plus d’abris, il ne reste plus qu’à survivre à découvert.

Plus d’éléments néfastes non plus : le seul cerveau, c’est vous, tout le reste n’est qu’algorithmes.

Alliés et zombies suivent une intelligence artificielle stricte : suivre les sons, se regrouper, et fuir pour les premiers, suivre les sons et les sources de nourriture pour les seconds.

 

Les graphismes sont ultra-minimaliste, dignes de Nathan Mc Coy, et c’est toute la force du jeu, car l’imagination a le plus gros du travail.

 

J’ai pour ma part parcouru les landes désertes, slalomant soigneusement entre les zombies esseulés jusqu’à ce que j’entende un cri. Me dirigeant vers l’origine du son j’ai découvert un vieil homme pris d’assaut par quatre zombiflards. Il s’en sortit grâce à mon intervention, et nous fîmes rapidement les présentation : Il s’appelait Jean-Marc, et travaillait, avant que les morts se relèvent, dans un garage à quelques kilomètres de là. Il me dit que c’était à quelques jours de marche, que là bas, nous trouverions un camion, que nous pourrions nous enfuir vers la ville, en espérant que les autorités soient parvenus à réguler l’invasion. Je n’avais pas mieux à faire, je l’ai suivi.

 

« Quelques heures de marche »  qu’il disait, d’accord, en prenant la route, et en marchant à bonne allure, mais la route étant infestée de zombies, il nous fallut faire un détour, en passant dans les hautes herbes. La prudence nous fit avancer dos à dos, ralentissant notre rythme, si bien que la nuit commença à tomber.

Je ne sais plus lequel de nous deux paniqua le premier, lui, il me semble, mais tout est allé tellement vite…un zombie, caché dans les herbes aggripa Jean-Marc par le pied. Jean-Marc, je crois, poussa un cri terrifié avant de lui asséner sur le crâne un coup de semelle.

Nous étions repérés.

La nuit aidant, les morts se firent plus agressifs, et bientôt, il étaient une vingtaine derrière nous.

Il ne restait plus qu’à courir.

Je dis courir…mais il faudrait inventer un autre mot, tant la perception que j’avais de ce verbe auparavant n’avait rien à voir avec ce que nous endurions : Nous avons couru, moi devant, lui derrière sur sans doute des kilomètres, les branches fauchant nos genoux, les pierres griffant nos semelles. Nous avons couru la nuit durant, sans même s’en rendre compte, tant le sang désertait notre cerveau pour alimenter nos cuisses. Je regrettai chaque cigarette que j’avais fumé, chaque cours d’endurance qu’ado j’avais séché, mais mon calvaire n’était rien face à celui de Jean-Marc, qui lui regrettait chacune de ses cinquante-huit années.

 

Alors que le jour se levait, nos poursuivants s’amoindrissaient, perdaient du terrain, et lorsque le cercle du soleil se dessina enfin entièrement, nous étions de nouveau seul. Je proposai à Jean-Marc de monter la garde pendant qu’il regagnait un peu de ses forces, mais celui-ci était déjà à terre, dormant comme un pigeon blessé au pied d’un pin parasol.

Je m’assis sur un rocher, mon bâton à la main, seule arme que j’avais pu dénicher sur place, et fit le guet.

Il faut croire que pour ça aussi j’étais mauvais, car au bout d’un quart d’heure, je ressentit une pression froide sur ma nuque.

-Quelle est la capitale de l’Albanie?

Me chuchota-t-on derrière l’oreille.

Un bouquet d’émotions contradictoires se mélangèrent dans ma tête en un infâme gruau.

-Euh…Je ne sais pas…pardon, j’ai toujours été nul en géo.

Je me retournai timidement et constata que l’objet froid était en fait un révolver au bout duquel une jeune femme au longs dreadlocks, un joint à la bouche.

-…On va dire que tu as passé le test. En revanche, je garde le joint. Allez, ramasse ton copain et suis-moi.

 

Je réveillai Jean-Marc, il s’extasia du fait que nous n’étions pas seul, prit la demoiselle dans ses bras.

-Ouais ouais, enchantée moi aussi, autant que possible. Et c’est Séverine au passage. Allez, grouillez vous.

 

Séverine ne se déplaçait pas seule. Elle nous mena à un campement rudimentaire occupé par trois autres personnes dans son genre. Ceux-là semblaient se connaître « avant ». Il nous proposèrent de l’eau, et des boites de conserves diverses qu’il fallait manger froide. Je me sentis enfin en sécurité : il avaient des vivres, de la drogue et des armes. Il parlaient de rester ici, de dresser des pièges. J’évoquai le camion de Jean-Marc, mais celui-ci m’arrêta : Il n’y avait pas de camion pas non plus de garage. Il m’avait raconté cette histoire car il avait peur d’être seul.

J’imagine qu’en ces temps troublés, le pardon était de rigueur.

 

Nous avons passé la journée à se relayer au poste de garde, pendant que les autres récupéraient de leurs longue nuit. Les zombies étaient des prédateurs nocturnes, nous étions contraint d’adopter leur rythme.

Quand vint le soir, nous nous sommes réunis autour d’une lampe de poche, et d’un ou deux joints pour se calmer les nerfs. Je reconnais maintenant que ce n’était pas une idée ingénieuse…nous avions besoin de tous les réflexes disponibles. Aussi, quand un zombie sortit de nulle part pour arracher le cou de celui qui se faisait appeler Jé, il nous fallut une demi douzaine de secondes pour réagir. Une demi-douzaine de trop.

-Tire! Mais tire bordel! Criai-je à Séverine, mais celle-ci, les larmes aux yeux, pressait la gâchette en vain. Je pus alors constater que l’arme en question n’était rien d’autre qu’un jouet, une imitation grossière pour enfant signée Bandai, et Séverine le savait bien.

 

Alors ça a commencé. La folie.

Les zombies qui soudain nous entourent, Séverine qui se jette sur Jé, que je compris être son amant, la partie gauche de son visage arrachée d’un coup de dent, Jean-Marc, Nicolas et moi qui nous mettions à courir, Jean-Marc qui trébuche et disparaît, les morts qui gagne du terrain, Nicolas qui s’apprête à me dépasser, la peur, un croque-en-jambe, Nicolas qui tombe, la horde derrière moi qui s’arrête pour le dévorer, moi, seul à nouveau, qui sais que je ne passerais pas la nuit.

 

 

En jouant à Flocking Dead, j’ai revu chaque page de Walking Dead, preuve que l’hommage est réussi.

Mais ce n’est pas tout : en se laissant mourir dès le début, Flocking Dead offre la possibilité d’assister à la simulation sur l’ensemble de la carte, et d’étudier ce simple bijou mathématique, car c’est bien de ça dont il s’agit : une équation mathématique à une seule inconnue : la mort.

Et elle se résolve à tous les coups.

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1 Comment

  1. Jolie plume, j’ai l’impression que les jeux de zombie ne seront jamais has been.

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