Coming out Simulator 2014

Coming Out Simulator 2014 (Browser)
Nicky Case

 

 

Au coeur de l’autobiographie, il y a toujours la question de la vérité. Qu’est-ce qui est vrai, qu’est-ce qui est faux ? Qu’est-ce qui est romancé ? Inventé ? Passé sous silence ? Nicky règle la question d’emblée : « Ceci est un demi-jeu sur des demi-vérités ».

 

 

 

Réalisé pour la Nar8 game jam, destinée aux « conteurs modernes », Coming out Simulator 2014 engage sa narration dès le menu principal. Tout ne sera alors qu’un long dialogue, entre le développeur et le joueur, entre le joueur dans la peau du développeur et les autres.

 

Ce seul double jeu apporte beaucoup de profondeur au récit, ne serait-ce parce que le Nicky du passé que nous incarnons et le Nicky d’aujourd’hui qui nous parle ne sont plus la même personne. Celui du présent est posé, confiant, avec une finesse dans le traitement du méta qui rappelle le personnage de Scott McCloud. Celui de passé, par le simple fait de l’interactivité, apparaît comme hésitant, plus à même de changer cap. Normal : il se construit, et c’est finalement le sujet même du jeu : la construction, l’acceptation et la revendication de soi.

 

Coming Out Simulator 2014 m’a fait dire « Je te hais » à ma mère. Il ne m’y a pas obligé, il m’a comme d’habitude laissé le choix entre trois propositions, mais le jeu est si bien parvenu à me faire rentrer dans le personnage et à me faire comprendre les enjeux de ce dîner que mes décisions se sont imposées d’elles-mêmes. Comme dans Gamer Mom (avec lequel Coming out Simulator 2014 partage beaucoup de similitudes), je me suis senti investi à 100 % dans mon projet. Mais quand le décalage entre la mère gameuse et sa famille me faisait désespérer, celui entre le jeune bisexuel et les siens m’a juste fait enrager. Et il n’est pas si fréquent qu’un jeu parvienne à susciter la colère, volontairement, j’entends.

 

Heureusement, il y a le Nicky du présent pour tempérer, pour nous sortir de notre rébellion adolescente comme il l’a déjà fait et pour nous ramener à la vie d’adulte. « It gets better », « ça s’améliore » : c’est toujours bon à entendre. Et c’est aussi bon de se dire que peut-être, dans d’autres cas, Coming Out Simulator contribuera lui-même à ce que oui, ça s’améliore.

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6 Comments

  1. C’est intéressant de voir la réaction de chacun. De mon côté, j’ai tout fait pour ne rien brusquer. De peur que ça affecte l’autre, et que ça me retombe dessus.
    Un excellent jeu en tous les cas.

  2. C’est vraiment pas mal comme réalisation. Je suis pas rentré dans le personnage mais j’ai eu l’impression de vivre l’essence d’un moment fort et intime de la vie d’une personne. Ils ne savent pas ce qu’ils perdent EA haha

  3. J’ai tellement apprécié ma première partie pour ma part que j’ai refusé d’en faire une deuxième. Je voulais rester dans la peau du premier personnage que j’ai incarné.

  4. Décidément ce Nicky Case est talentueux, après l’inventif Nothing To Hide, je suis moi aussi vraiment entré en empathie avec ce jeune peep.
    Merci d’avoir partagé ce jeu.

  5. Tristan Morlaës

    Haw, gros coup de coeur pour celui-ci…

  6. Liliegane

    C’est vraiment poignant. Seul point négatif, je suis une quiche en anglais, et le moment où le texte défile tout seul sont assez durs à suivre.
    Sinon on retrouve tout d’une bonne vieille dispute entre parents enfants (sur ce thème là ou pas d’ailleurs), l’incompréhension, le déni, le chantage, voir la violence verbale ou physique …

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